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Éneria

24 ans ~ Sorcière ~ 13 Septembre 807

Description

       Énéria est une sorcière dont personne ne connait la forme originelle. En fait, mis à part son apparence humaine et quelques petites choses, on ne sait presque rien de ses pouvoirs. Son enveloppe charnelle est des plus délicieuse quand elle prend la peine de coiffer ses longs cheveux de jais. Quand elle est seule, soit souvent, elle les laisse libres et emmelés, et préfère orner sa chevelure de plume. On la confondrait presque avec une bête sauvage. Ses yeux oscillent entre le bleu et le vert, mais prennent la couleur de l'or quand elle use de sortilèges. 

 

       Comme je le disais elle est souvent seule. C'est un choix, pas une malédiction. La compagnie des hommes l'ennuie. Ces créatures si futiles et peureuses n'ont pour elle pas grand intêret. Certains ne se gênent pourtant pas pour troubler sa paisible retraite au coeur des bois. Des requêtes, encore des requêtes, toujours des requêtes. Parce qu'en plus d'être futils, ils sont agaçants et ne savent pas se débrouiller seuls. "Un sort s'il vous plait, aidez moi..." Toujours les mêmes refrains. Mais elle s'y est fait et accède parfois à leurs demandes, quand ça lui chante. Une manière pour elle de ne pas se couper totalement du monde qui l'entoure.

 

Sourit soldat...

       Le 13 Septembre 807, un nourrisson emmailloté dans des langes propres est remis à un vieillard acariâtre, ancien commandant de l'armée du roi, aujourd'hui en charge de l'entrainement des nouvelles recrues. Arivald (c'était son nom) à posé un oeil sceptique sur la petite fille qui le regardait de ses yeux mi-clos avant de lui ordonner sèchement:

"Sourit donc! Ta vie est encore belle, toi. Allez sourit soldat!"

Et les lèvres de l'enfant se sont étirées joyeusement, creusant deux fossettes dans ses joues rondes. Le commandant sourit à son tour et déclara:

"Bon et bien, il va peut-être y avoir moyen de faire quelque chose de toi."

 

       Éneria fut donc élevée par son grand-père dans un bastion militaire. L'homme était dur, sec et strict, mais fier de sa petite-fille. Qui ne l'aurait pas été? Certes, elle n'était pas tout  à fait comme eux et ses pouvoirs l'intrigaient, mais elle était sérieuse et travailleuse Ã  l'entrainement. Sa fraicheur et son enthousiasme faisaient plaisir à voir. La seule chose qui traccassait son grand-père était son indocilité. Quand elle voulait quelque chose elle faisait tout pour l'avoir, quitte à transgresser les règles. Les leçons qu'il lui donnait quand elle désobéissait, semblaient n'avoir qu'un effet limité dans le temps et il en désespérait.

 

       Elle apprit à lire et écrire mais aussi à se battre, où plutôt à se défendre comme le lui disait son grand-père. Elle maniait lance, arbalète et épée. Sa préférence allait à cette dernière, même si elle jugeait qu'elle n'en avait pas réellement besoin et que son don suffisait amplement à assurer ses arrières. Mais son grand-père insistait lourdement sur le fait qu'elle ne pourrait peut-être pas toujours compter sur lui.

 

       La nuit, alors que les étoiles veillaient sur elle, elle s'enfuyait, libre et heureuse loin du camps et de tous ces hommes qui commençaient à la percevoir comme une femme. Leurs regards et leurs sourires moqueurs la répugnaient. Son grand-père la protégeait comme il le pouvait, mais son autorité faisait rire ses hommes dans son dos. Énéria ne pouvait nier qu'elle évitait de se retrouver seule avec eux, malgré la protection que lui offraient ses pouvoirs. Alors le soir, lorsque la lune escaladait le ciel, elle se levait silencieuse et allait danser dans les bois. La sérénité de ces lieux lui apportait la paix dont elle avait besoin.

 

       Un jour pourtant, alors qu'elle revenait, éreintée, de l'une de ses longues courses dans la forêt, quelques un des soldats la surprirent. Elle releva la tête, digne et se dirigea vers la maison qu'elle occupait avec son grand-père. Ils la rattrapèrent et la baillonèrent de leurs mains sales et odieuses. Elle ne supplia pas, mais se débattie ardemment. Elle parvint à s'écarter d'eux une première fois, grâce à l'éducation de son grand-père et leur demanda de s'en aller. Ils lui rirent au nez et retournèrent à l’assaut de ses jupons. Une vague de haine et de colère déferla alors dans son esprit, inondant, noyant sa raison, courcircuitant le peu de compassion qui l'habitait encore. Son pouvoir s'échappa et brisa les corps de ses attaquant en deux.

 

       Le fracas sonore de leurs os ricocha dans la nuit et réveilla le camps ensommeillé. Le premier sur les lieux fut Arivald. Apercevant dans un premier temps les corps déchiquetés de ses hommes, il se précipita vers les cadavres et tomba à genoux près d'eux, maculant ses vêtements et ses mains de sang. Aucun survivant. Mais qui? Qui? Une plainte sourde lui fit relever la tête. Énéria, genoux à terre ne pouvait détacher son regard horrifié du massacre devant elle. Le reste de la troupe déboula alors comme une horde de chiens furieux et enragés, et voyant la scène monstrueuse qui se dressait devant eux, ils attrapèrent Arivald et le trainèrent en prison. Pour eux tout était clair: Le vieillard avait une fois de plus voulu protéger sa petite-fille. Mais cette fois, il avait été trop loin.

 

Au coeur de la nuit...

       7 juillet 826. Un jour gravé dans la mémoire chrétienne. Ce jour-là, on brûlait un hérétique, un meurrier, un assassin. Un homme qui n'avait exprimé aucun remord pour le massacre dont il s'était rendu coupable. Les hommes rassemblés autour du bûcher déversaient leur rage et leur colère sur le condamné, qui restait plongé dans son mutisme. Rien ne semblait l'atteindre. Et la hargne des spectateurs n'en était que plus exacerbée. Il ne trébucha pas quand on le poussa vers la mort, ne frémit pas quand la corde et le bois mordirent cruellement ses poignets, ne supplia pas quand le feu s'éleva doucement vers les cieux. Il attendait. Quoi? La mort peut-être.

 

       Ce jour-là, on raconte que le ciel a rugit. Que la colère de Dieu s'est déversée sur les hommes. Au dessus des flammes, des nuages se sont tout Ã  coup ammoncelés et la pluie a éteind le bûcher. La voix de la vierge a transpercée les tympans de ceux qui se trouvaient là:

"Brulez les hérétiques, brûlez les meurtriers, mais ne brûlez pas les hommes justes et bons qui n'ont eu recour à la violence que pour protéger l'innocence de leur fille de la perversité des hommes. Il y a quelques nuits, vous avez attaqués une jeune femme pour l'outrager. Triste et dégoutée de ce spectacle, j'ai prété ma force à cet homme pour qu'il la délivre de ses assaillants. Comment pouvez-vous tuer un hommes qui a accompli ma volonté? Qu'il soit libre maintenant et à jamais ou ma colère s'abattra sur vous."

 

       L'homme fut libéré et une jeune femme, sourire aux lèvres quitta la foule amassée sur la place publique. Énéria ne rentra pas chez elle ce jour-là. Elle avait durant la nuit, transporté ses affaires dans une demeure connu d'elle seule au coeur de la forêt. Elle ne devait plus s'approcher des hommes. Seule elle était mieux.

 

Le goût de la Liberté

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